"géopolitiquement irresponsable et énergétiquement inutile"
Le 25 juillet dernier, la France et la Libye ont signé à Tripoli un "mémorandum d'entente sur le coopération dans le domaine des applications pacifiques de l'énergie nucléaire", au lendemain de la libération des infirmières et du médecin bulgares emprisonnés depuis plus de huit ans en Libye. Un premier projet éventuel de collaboration porte sur la construction d'un réacteur nucléaire pour une usine de dessalement d'eau de mer.
"Nous ne pouvons accepter, que pour assurer un nouveau 'coup d'éclat médiatique' du président Sarkozy, le gouvernement français propose à la Libye de Kadhafi une nouvelle aventure nucléaire", écrivent Bruno Rebelle et Jean-Louis Bianco.
Ils rappellent qu'il a "fallu plus de dix ans pour obtenir du colonel Kadhafi qu'il abandonne ses projets de développement d'armes non conventionnelles et qu'il cesse de soutenir les activités terroristes qui ont coûté la vie à de trop nombreux civils, notamment français".
Dès lors, "il serait grand temps que la diplomatie française, qui devrait avant toute chose être au service de la paix et du développement durable, prenne le dessus sur le spectacle".
MM. Rebelle et Bianco jugent la "finalité de cette coopération d'autant plus discutable que l'argument énergétique avancé est totalement inepte". Selon les deux hommes, la Libye, qui "pompe depuis toujours dans une nappe phréatique profonde", n'a pas particulièrement besoin d'une usine de dessalement, et est assez riche en pétrole et en gaz pour fournir l'énergie nécessaire pour une éventuelle usine.
Il s'agit donc de "répondre à un besoin quasi inexistant avec une solution totalement inappropriée", affirment-ils. "A qui profite vraiment ce marché de dupes? D'autant que la Libye, comme tous les pays de la région, possède une autre ressource énergétique illimitée, renouvelable et gratuite: le soleil!".