Hélas, ce n’était pas un poisson d’avril
Lancé le 1er avril – et ce n’est pas un poisson – l’espoir que chacun nourrissait eût été que ce fut un canular mais, las, le nouveau carburant E10 (baptisé aussi SP95-E10), composé quand même à 90 % d'essence et malgré ses 10 % d’alcool de synthèse produits à partir qui de la betterave qui du blé, aurait l’ambition de s'imposer en remplacement du bon vieux SP95.
C’est vraiment de la folie pure ! Au-delà de l’absurdité soulignée ci-avant. Même l’Allemagne, mille fois plus « écolo » que nous, a renoncé à le lancer !
Officiellement, le gouvernement français argue que cette décision va dans le sens de l’Histoire puisqu’elle permet ainsi d'anticiper les objectifs européens d'incorporation d'agrocarburants.
En revanche, les basses questions techniques de compatibilité des moteurs des voitures en circulation, tout le monde s’en moque !
Du coup, l’Etat se commue de fait en fervent défenseur des producteurs de betteraves. Ça va faire monter le prix des yaourts à la fraise dont la couleur est la consistance nous viennent de ce vulgaire légume. Tout ceci, vraiment, est regrettable et ce pour deux raisons :
- La première, c'est que deux voitures sur cinq, roulant à l'essence, risque de voir son moteur – organe essentiel s’il en est - être endommagé par l'utilisation de cet agrocarburant.
- La seconde c’est que du coup, s'il devait venir à remplacer effectivement l'actuel SP 95, toutes les voitures vendues jusqu'en l’an 2000 devront se tourner vers le SP 98, plus onéreux qu’on ne rencontre plus guère hors de nos frontières. Enfin, l'E10, vendu au prix du SP 95 voire même 1 à 2 centimes de moins pour appâter le client ne connaîtra qu’un succès réduit et très temporaire car, tout simplement, le coût de revient d'un agrocarburant, produit à partir de betterave comme de blé, est largement supérieur à celui de l'essence, sous-produit direct de nos raffineries et donc l’E10 verra très vite son prix être relevé à la pompe.
En plus, on va moins loin avec un plein !
Chacun le sait : un malheur n'arrive jamais seul. Et donc l'automobiliste « citoyen » paiera ce carburant plus cher à la pompe et ceci pour parcourir moins de kilomètres avec un plein ! Pourquoi ? Tout simplement – et tous les scientifiques le prouveront facilement - parce que le pouvoir calorifique du mélange est nettement inférieur à celui de l'essence.
Il reste enfin à démontrer l'intérêt environnemental de l'opération. Ceci au moment où la polémique sur l'impact des agrocarburants reste toujours aussi vive. Bref, s’il existe encore des pompes SP 95, faites le plein et évitez l’E10 dont les obsèques déjà annoncées ne créeront qu’une émotion extrêmement limitée ...