L'Unesco et l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) se sont associés pour soutenir la publication d'une série de guides. Jusque là, rien d’extraordinaire sinon que les guides en question sont censés aider ou inciter les petits entrepreneurs des pays pauvres aux métiers du recyclage des déchets informatiques. Humour décalé ? Pas sûr …
En effet, le premier tome, tout juste paru, explicite les "principes directeurs" pour lancer une telle activité et ce dans un opus de quelques dizaines de pages.
On est vite surpris, à la lecture de ce travail à la fois très théorique, presque scolaire dans le sens quasi péjoratif, de découvrir cette synthèse de l'entité considérée comme idéale pour mettre en œuvre le recyclage.
Or, le recyclage des déchets dits DEEE, en substance les déchets des TIC, ne s’improvise pas et relève même d’un savoir-faire industriel qui au surplus réclame un investissement conséquent. Et là où l’ouvrage évalue celui-ci à plusieurs centaines de milliers d'euros, il oublie toute l’organisation, toute la logistique, tous les débouchés en matières premières dites « secondaires », autant de paramètres qui requièrent une organisation sans faille et qu’un banal « business plan »copié-collé d’on ne sait où pourrait sans vergogne s'insérer dans un tissu industriel et technique totalement inexistant !
Les auteurs se sont, pour l’instant et sans prendre de grands risques cantonnés en Afrique, là où aucune filière légale n'existe, comme l'a d’ailleurs démontré Greenpeace dans une enquête édifiante. Là-bas, les déchets occidentaux finissent dans des décharges. Ils y sont démantelés par des enfants. Et ils ont comme seul exutoire de venir polluer le sol avec des substances toxiques.
Mais qu’adviendra-t-il de leurs riches idées si elles étaient, dangereusement, transposées en Asie, là où la question est toute autre, tellement plus importante et stratégique et finalement si menaçante pour la santé publique, là-bas mais aussi jusque chez nous lorsque nous reviennent, comme des boomerangs, nos produits recyclés ou retraités sans précautions ni savoir-faire de nature à désactiver ces mini bombes en puissance …
1600 exemplaires du guide seront imprimés...
Le premier guide, réalisé par la toute nouvelle société de conseil TIC Ethic, est consultable en anglais sur son site. Une traduction en français est en cours. Il est aussi prévu de diffuser gratuitement 1600 exemplaires de ces deux versions sous forme imprimée. C'est peu à l'échelle d'un continent comme l'Afrique. Il revient à la version en ligne de pallier cette faiblesse. Une version PDF est aussi prévue. Toutefois, n'est-il pas prématuré de donner un cours de management à de futurs entrepreneurs du recyclage dans une région où tout manque encore pour instaurer des filières dignes de ce nom ? "Il faut bien commencer par quelque chose" explique Alain Geldron, chef du Département Organisation des Filières et Recyclage à l'Ademe.