Les 20 ans de notre confrère « La Tribune » pour les jeunes du même âge
Car ils sont conscients que le modèle social français traverse une crise. Ils réalisent, consciemment ou non, que le chômage est devenu une donnée incontournable. Ils savent, peut-être davantage que les autres, que la mondialisation est un fait acquis, irréversible. Bref, les jeunes de 20 à 25 ans lâchent un peu prise mais n'en perdent pas pour autant leur confiance. Pour autant, pragmatiques ils sont, pragmatiques ils resteront et donc ont sciemment relégué au rang de vestiges du passé les rêves de partage et de redistribution sociale qui nourrissait les espoirs, souvent déçus, de leurs aînés.
Les trois quarts des jeunes sont confiants dans leur avenir professionnel
On peut y voir le signe d'une angoisse, présente au sein d'une fraction non négligeable de la jeune génération, notamment chez les filles (25% ne sont pas confiantes contre 18% des garçons) et les jeunes plus " âgés " (24% des 23-25 ans n'ont pas confiance contre 18% des 20-22 ans), peut-être plus inquiets au fur et à mesure que l'entrée dans le monde du travail se fait plus concrète.
Six jeunes sur dix pensent qu'ils connaîtront un jour une période chômage
Et seuls 38% d’entre eux considèrent qu'ils ne connaîtront pas cette parenthèse professionnelle.
Mieux encore : même les jeunes qui se montrent confiants dans leur avenir professionnel sont majoritairement persuadés (à 54%) qu'ils connaîtront une période de chômage au cours de leur carrière !
Finalement, seuls les jeunes dont le chef de famille est cadre estiment majoritairement (53%) qu'ils ne connaîtront pas le chômage au cours de leur carrière. Méthode « Coué » ou déficit d’éducation, à voir ...
Une image du monde de l'entreprise presque terne ...
Mais cette bonne image générale doit être nuancée : leur jugement, nettement plus méfiant vis-à-vis des entreprises, n’est plus un secret pour personne et cela porte sur un certain nombre de points qui poseront problème aux recruteurs et donc à la dynamique du marché de l’emploi.
Ils sont en effet une petite majorité à accorder leur confiance aux entreprises. Pourquoi ? Pour " permettre le plus possible aux salariés de concilier vie professionnelle et vie personnelle " (à 54%) ou encore pour " assurer le mieux possible à leurs salariés une vie professionnelle épanouissante " (à 53%). Mais ne nous leurrons pas ! Cette analyse reflète assez clairement que ces éléments sont essentiellement du ressort des salariés eux-mêmes. Et pas de l’entreprise.
Au final, près d'un jeune sur quatre (22%) ne fait confiance aux entreprises ni pour garantir son épanouissement personnel, ni pour préserver les emplois, ni pour garantir des salaires décents. En revanche, ils ne sont que 13% à faire confiance aux entreprises sur l'ensemble de ces sujets.
Mondialisation : la crainte l’emporte quand même sur le pragmatisme
Bien sûr, la mondialisation constitue pour eux davantage une source d'angoisse que d'espoir. Mais contrairement aux idées reçues, la jeune génération ne semble pas aussi réticente à cet égard que la population prise dans son ensemble.
On notera au passage que le milieu social d'origine constitue un élément déterminant dans l'appréciation de la mondialisation :
- - les enfants d'ouvriers sont assez logiquement plus inquiets (58% des jeunes dont le chef de famille est ouvrier ressentent de la crainte)
- - les enfants de cadres manifestent davantage d’espoir puisque 45% des jeunes dont le chef de famille est cadre ressentent de la crainte et 33% de l'espoir.
49% des jeunes jugent que la mondialisation est plutôt un handicap pour la France et 45% estiment au contraire que c'est plutôt un atout.
Un comportement individualiste pour faire face au système social défaillant
Les plus âgés sont un peu plus pessimistes puisque la majorité des jeunes âgés de 23 à 25 ans (51%) jugent que les chômeurs seront moins bien indemnisés que maintenant contre 44% des jeunes de 20 à 22 ans.
En ce qui concerne leur retraite, les jeunes se montrent largement préoccupés : 63% d'entre eux déclarent que leur retraite est aujourd'hui pour eux une préoccupation importante dont près d'un sur cinq (18%) " très importante ".
Dans ces conditions il n'est pas étonnant qu’une majorité claire se dégage en faveur d’un système par capitalisation, n’accordant donc que peu de crédit à la pérennité du bon vieux système par répartition.
Plus grave : le financement collectif de la protection sociale n'est donc une alternative suffisante pour aucune catégorie de jeunes.
Création d'entreprise, voire projet d'exil … pour s’en sortir
Ainsi, deux tiers (67%) des jeunes de 20 à 25 ans aimeraient créer leur entreprise.
Et bien qu’un tiers (32%) n'envisage pas de le faire, sans doute découragé par la complexité administrative ou les difficultés inhérentes à cette ambition, il ressort de cette étude un réel potentiel entrepreneurial chez les jeunes.
Mais, encore une fois, pas à n’importe quel prix, pas à n’importe quelles conditions et pas pour tout le monde ! Ce sont en effet surtout les garçons qui se montrent tentés et par la création d’entreprise ou encore par l'exil.
Les résultats de cette enquête sont à analyser à la loupe car ils vont, clairement, à contresens des options politiques prises par les grandes formations, de la majorité comme de l’opposition.
La « fracture sociale » qui fit élire l’actuel hôte de l’Elysée est sans doute aujourd’hui à son paroxysme avec manifestement un décalage sans précédent entre celles et ceux qui nous représentent au sein des Institutions de la République et le « terrain » …