" Les petits exploitants agricoles sont la clef pour résoudre la crise alimentaire"
Publié le 20 février 2009 à 09:01
Le Président sortant du Fonds international de développement agricole (FIDA) , Lennart Båge, a lancé un véritable cri d’alarme aux leaders politiques mondiaux, en leur précisant les principales étapes à suivre pour assurer la sécurité alimentaire mondiale et en finir avec la pauvreté et la famine.
“Nous traversons la crise économique globale la plus significative de toute une génération’” a estimé M. Bage. ‘’ Déjà avant cette crise, environ une persone sur six vivait dans la faim et la pauvreté. Ce nombre croît actuellement. Rien que l’an passé cent millions de gens en plus ont rejoint les rangs des affamés. Ce fait traduit l’inversion de la tendance jusque là prévue ‘’. Lennart Båge s’exprimait devant les 165 délégués des Etats membres du FIDA réunis à l’occasion du 32ème Conseil des Gouverneurs.
M. Båge parlant après huit ans passés au poste de président a encore précisé : «Le fait désolant est que l’offre à long terme est incapable de satisfaire la demande. Cette demande doit s’accroître de +50% d’ici 2030 et doubler d’ici 2050 ».
Dans le même temps la productivité agricole qui augmentait de 4 à 5% dans les années 70 et au début des années 80, a baissé jusqu’ à 1 ou 2% aujourd’hui. On estime pouvoir augmenter la surface cultivable de 10 à 15% seulement, du moins si l’on ne touche pas aux forêts. Une production agricole plus importante est essentielle, mais cela reste un vœu limité parce que les terres agricoles sont limitées.
Tout gain futur de production ne peut donc venir que d’un gain de productivité par hectare dans les exploitations existantes. « Cela exige plus d’attention politique et un investissement beaucoup plus élevé dans toute la filière agricole’’ a encore ajouté Lennart Båge. Les petits exploitants agricoles doivent être mobilisés dans tout plan d’augmentation de l’offre alimentaire. Il y a près de 500 millions de petites exploitations, représentant plus de 2 milliards de personnes, _ soit un tiers de l’humanité. Ainsi «en Afrique et en Asie, les petits fermiers cultivent 80% des terres agricoles. Les familles de ces petits cultivateurs forment la grande majorité des pauvres, vivant avec moins d’un ou deux dollars US par jour. Et pourtant ce sont eux qui constituent une part importante du potentiel global de production alimentaire ».
De nombreux petits cultivateurs ont une productivité très faible, mais ils peuvent doubler ou tripler leurs rendements s’ils ont accès aux semences adaptées, aux fertilisants, à l’irrigation et aux sources de financement. Par exemple, l’an passé, Brigitte Addassin se battait pour survivre au Bénin avec moins de deux dollars par jour. Mais avec le soutien du FIDA Brigitte s’est diversifiée, semant du riz NERICA, un mélange de deux variétés, l’une africaine et l’autre asiatique, qui mûrit rapidement, résiste mieux à la peste et demande moins d’eau. Résultat, en utilisant irrigation et fertilisants, Brigitte a réussi à augmenter sa récolte, qui est passée de 1,5 tonnes de riz à 6,5 tonnes.
« Nous devons écouter ces pauvres agriculteurs et travailler étroitement avec eux, a souligné Lennart Båge, car ils connaissent leurs besoins et leurs priorités mieux que quiconque. Et quand ils rejoignent les rangs des organisations professionnelles, ils sont encore plus convaincus de leurs aspirations ».
Dans son ultime discours en tant que président, Lennart Båge a rendu hommage aux membres du FIDA et à son équipe, ainsi qu’aux principaux partenaires, dont la FAO et le PAM à Rome, l’ensemble des Nations Unies, la Banque Mondiale et les banques régionales de développement, le Fonds de l’OPEC pour le développement, the Global Environmental Facility, et le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale.