Tout n’est pas bon à prendre. Tout n’est pas non plus bon à jeter. La médecine traditionnelle a connu des échecs. Les différents systèmes économiques et politiques ont tous, absolument tous, montré leurs limites. Les fruits et légumes qui sont issus de l’agriculture intensive et pour partie de manipulations génétiques nous privent du vrai goût de ces denrées qui naguère faisaient notre plaisir gustatif.
En matière culinaire aussi la créativité a pris la place d’une tradition trop ancrée sur des plats dont on sait qu’ils ne sont pas bons pour la santé, en cas d’abus.
Le fond de cette question est qu’abus il y a eu. Et il continue d’y en avoir. Mais qui le dit ? Qui le prouve ? Personne ! Ce serait contraindre des corporations entières de métiers, des formations politiques et même l’Etat à faire leur mea culpa alors que la simple perspective d’une repentance n’est même pas imaginable.
Laissons de côté tous ces sondages, toutes ces enquêtes d’opinion, sans grand intérêt, qui ne font finalement que démontrer que la société française a changé. Mais au lieu d’en chercher les causes profondes, parce que les organismes, qui officient dans ce domaine, sont tout aussi complices de ces échecs à répétition, la seule petite valeur ajoutée qu’ils nous apportent consiste à nous servir des analyses et commentaires sur une « photographie » sociétale à un moment donné sur un sujet précis. Pas de quoi nourrir une réflexion. Et surtout notoirement insuffisant pour tenter d’aller plus au fond de tous les pans de nos systèmes vacillants qui mériteraient d’être réformés pour certains et remis à plat complètement pour d’autres.
La médecine a échoué dans certaines de ses thérapies pour les maladies graves ou parfois celles, dites « orphelines », qui laissent encore aujourd’hui les professionnels de santé impuissants ou perplexes.
Les médecins généralistes sont le fruit d’une méthodologie pédagogique très discutable. Et, du coup, il n’est pas anormal de voir cette population, pourtant capitale pour tous, être paupérisée. Généralistes ou spécialistes, les jeunes apprennent leur métier en « avalant » des coupes longitudinales ou sagittales. Mais en tous cas ils le font sans apprendre, durant toutes leurs années d’études, à gérer les problèmes de médecine dite « de ville » et surtout, sans apprendre à ne pas passer à côté d’une pathologie plus rare ou plus grave, relevant de spécialistes avec lesquels ils n’ont même plus le temps de coopérer dans le cadre des « réseaux » de compétences qu’ils devraient former pour apporter à tous les cas ou presque une réponse.
Les ingénieurs aussi, grâce à la collection de logiciels professionnels qui leur est proposée pour apprendre leur métier, sont les victimes, malgré eux, des progrès technologiques. Ils ne savent parfois même plus calculer la résistance d’une poutre !
L’économie est devenue une science et nombreux sont celles et ceux à avoir tenté de la modéliser à partir d’outils mathématiques et l’on mesure l’ampleur de l’échec compte tenu de notre situation exprimée en termes de déficits, d’endettement, etc. Pour la finance, la cause est la même. Mais les effets produits récemment ont montré à quel point ils pouvaient être dangereux. Quant aux modèles politiques, ils ont tous échoué, du communisme au libéralisme en passant par le socialisme plus ou moins orthodoxe et ce sont les systèmes eux-mêmes qui sont à réinventer et non la responsabilité, pourtant lourde, de celles et ceux qui y ont cru.
L’environnement, le développement durable et la biodiversité sont les grands thèmes en vogue, qui permettent notamment de « distraire » les peuples du triste contexte international, mais redonnant un espoir à ceux qui l’avaient perdu, offrant de nouvelles perspectives de mutation de notre société et la création d’emplois en tentant, le plus possible, de ne pas s’inscrire dans le sillon idéologique d’intégristes qui « polluent » déjà cette prise de conscience collective ayant en une génération modifié en profondeur les comportements et les connaissances de nos concitoyens.
Sur le terrain idéologique, les vieux démons du fascisme, du nazisme et de la xénophobie ressurgissent au grand dam de nos dirigeants qui n’arrivent plus à contenir ces mouvements contestataires voire révolutionnaires tant le désespoir est grand dans cette société globalisée et mondialisée, une société qui nous donne l’impression que nous ne pouvons que subir. Sans pouvoir agir ni réagir. Fermant la porte à l’espoir qui pourtant reste le seul moteur d’une possible renaissance, sans recours aux systèmes et modèles dits alternatifs mais qui ne servent que de prétexte. Pour faire illusion, au moins quelques temps …
Bernard Marx