La vague bleue du premier tour, conséquence sans doute inéluctable du résultat du 6 mai dernier, a enregistré un ressac lors du second, les votants ayant souhaité, apparemment, rééquilibrer le paysage tout en revenant à une bipolarisation forte, nette, une sorte de schisme politique qui s’est fait au détriment de tous les autres mouvements politiques ayant contribué aux débats de ce début d’année 2007.
Pour autant, les « petits partis » ne sont ni morts ni enterrés. Ils entament simplement une traversée du désert dont ils ne pourront sortir qu’au prix d’une lecture objective de leur propre boussole mais surtout au prix d’une remise en question profonde de leurs valeurs pour les uns, de leurs dogme et idéologie pour les autres.
Avec près de 200 sièges sur 577, l’opposition parlementaire n’est nullement réduite à peau de chagrin et c’est tant mieux !
La gauche républicaine se trouve, finalement, renforcée par rapport à la précédente législature et a, pour le coup, davantage de responsabilités sur ses épaules.
Encore en crise, déchirée, en phase de reconstruction, cette opposition devra trouver le chemin de la modernité et de l’objectivité dans l’intérêt général face à un pouvoir exécutif puissant, résolu, déterminé à réformer et faire bouger les choses, épaulé par une majorité parlementaire plus nuancée dont le soutien aux promesse du président élu n’est pas, automatiquement et aveuglément, acquis.
Oui l’opposition est plus forte. Elle se retrouve donc, à l’endroit de ses électeurs, encore plus responsable de ce que ses travaux permettront de faire, étant par ce reflux du 17 juin dernier, une vraie force de proposition que chacun espère constructive pour les grands chantiers ouverts ou sur le point de l’être.
Assurément, l’opposition est également plus audible, ne serait-ce que par sa diversité puisqu’elle englobe quasiment tous les courants de pensée du PS et du PRG, une opposition qui désormais ne pourra plus faire de son action quotidienne un travail de sape et d’obstruction systématique par le biais de milliers d’amendements.
Enfin, cette opposition forte et dotée d’un statut que le président Sarkozy appelait de ses vœux a pris forme déjà au Parlement mais jouera tout son rôle grâce au statut qui devrait lui être conféré et à la présidence de la Commission des Finances de l’Assemblée qui lui a déjà été confiée.
La forme et le fond de l’exercice du pouvoir exécutif est déjà en rupture d’avec le passé.
Il l’est même tellement que les bons vieux repères disparaissent, que le fusible de Matignon n’est plus, que les fondements même de nos institutions de 1958, cette Vème République tant décriée mais que tous les pouvoirs successifs ont finalement « habité » avec bonheur, apparaissent désormais sinon surannés à tout le moins obsolètes.
Les bévues répétées de Madame Royal et ses aveux qui la disqualifient pour jouer un rôle éminent dans le pays pour les années qui viennent ont, finalement, renforcé le Premier secrétaire en sursis rue de Solférino qui – le moment venu – cèdera sa place à celle ou celui qui saura bâtir une force d’alternance politique moderne, une force audacieuse par ses idées sans se départir de ce nécessaire réalisme qui fera peut-être qu’elle apparaîtra suffisamment solide et crédible à nos compatriotes d’ici 2012.