Après une année 2008 au cours de laquelle la quasi-totalité des secteurs de l’industrie et des services affichaient des profits record, comment expliquer, honnêtement et en toute transparence, cette crise des liquidités, cet assèchement des disponibilités des grands établissements financiers de la planète, parmi lesquels figurent, bien entendu, les grandes banques françaises ?
Comment expliquer au peuple de France que l’exécutif vient au chevet de ceux qui ont fauté avec des paquets de milliards dont on nous disait qu’ils n’existaient pas alors que celles et ceux qui souffrent d’une inflation camouflée et de conditions de vie et/ou de travail dégradées sont laissés sur le bord de la route ?
Comment expliquer au peuple de France que l’exécutif vient au chevet de ceux qui n’ont pas su anticiper les mutations d’un marché – en particulier l’industrie automobile – alors que tant d’autres secteurs désormais souffrent ?
Et comment expliquer au peuple de France que l’exécutif vient au chevet des grands groupes plutôt que de donner le sérieux coup de pouce qu’attendent les PME pour créer et de l’emploi et des richesses ?
Le système financier est pourri et mafieux car tous les produits innovants, utiles et intelligents ont été détournés de leur objet. Les traders spéculent – et dépensent – l’argent des autres en prenant au passage de confortables primes ou commissions mais ils ne sont pas les seuls. Pratiquement tous les collaborateurs des établissements bancaires bénéficient de primes et commissions sur les « produits » placés aux épargnants, lesdites primes étant majorées quant le produit placé est risqué, transférant ainsi les risques de position des banques aux pauvres particuliers qui n’ont pas l’expertise de juger ou d’arbitrer. Pratiquement tous les collaborateurs des établissements bancaires bénéficient de stock-options et autres avantages exorbitants outre leur convention collective qui a de quoi faire pâlir de jalousie bien d’autres secteurs de notre économie, y compris vis-à-vis des agents des collectivités locales et des administrations. Bref, c’est un système. Un Etat dans l’Etat. Un métier où tout le monde touche, tant que tout va bien … Il serait donc normal et sain que le système complet soit remis à plat et que ce ne soient pas seulement les têtes dirigeantes qui soient coupées.
Si l’on avait sauvé la grande banque Lehmann Brothers, rien de tout ceci ne serait arrivé mais il a été curieux de constater qu’étaient proposés à la vente, comme ce fut le cas un peu plus tard pour les titres du groupe Volkswagen, trois fois plus d’actions qu’il n’en existait vraiment ! La question des positions spéculatives à découvert est plus que jamais posée et malgré la volonté concertée des Etats, les spécialistes du « tapis vert » en particulier londonien s’opposent à toute réforme de cette nature.
Depuis déjà quelques semaines, la Bourse de Paris reprend des couleurs mais de manière contrastée. Il suffit de regarder quels titres cotés sont orientés à la hausse, de manière vigoureuse, pour comprendre que ce sont les valeurs financières, une fois de plus, qui en tirent le plus largement profit.
Pourquoi ? Simplement parce qu’avec les liquidités remises dans le circuit par les banques centrales et les garanties apportées par les Etats, tous les établissements financiers recommencent à se prêter entre eux l’argent disponible, des prêts assortis de taux d’intérêts élevés, par rapport au niveau historiquement bas des taux directeurs, permettant à ces banques de restaurer leurs marges.
C’est proprement scandaleux ! Car la spéculation repart, les bonus refont immédiatement leur apparition et les liquidités n’abondent que peu les circuits de l’économie réelle, laissant aux irresponsables d’hier la faculté de reprendre leurs habitudes. Sans tambours ni trompettes.
La crise est là. Mais faute d’en avoir compris les causes et leurs réels bénéficiaires, au final, on prend les mêmes et on recommence …