
L’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, a réussi une performance exceptionnelle en parvenant à concilier les intérêts de tous les pays de l’Union, quel que soit leur régime, leurs institutions, pour bâtir un texte servant de socle à une future Constitution. On devrait lui en savoir gré, même si, démocratiquement, la France et les Pays-Bas l’ont rejeté par un référendum, procédure démocratique s’il en est, qui aurait, certainement, abouti au même résultat dans d’autres pays qui ont préféré l’adoption de ce Traité par la voie parlementaire, soit parce que leurs dirigeants ne voulaient prendre le risque qu’a pris Jacques Chirac, soit parce que leurs institutions ne leur permettaient pas de le faire. Exit, donc, le fameux Traité constitutionnel dont le sort a été réglé par une majorité claire de nos compatriotes le 27 (ou 29 ?) mai 2005.
… pour une Europe en panne
Depuis lors, les eurocrates de Bruxelles, tous nommés et jamais élus, se sont attachés à feindre d’ignorer la position française, allant même jusqu’à menacer ce grand pays fondateur et incontournable de l’Union d’être laissé pour compte, voire d’être mis au ban des nations qui composent cet agrégat hétérogène autant qu’hétéroclite que sont les 27 pays qui actuellement la composent. Or, sans la France, sans la Hollande, sans un front uni de la « vieille Europe » des grands pays qui la fondèrent, celle-ci n’a ni de sens, ni de poids, ni même de rayonnement international.
Trouver une solution viable
De sa promesse de campagne aux premiers jours de son mandat, le nouveau président de la république, Nicolas Sarkozy, a mis en œuvre « sa » solution qui passe, tout simplement, par un texte minimaliste qui permette à l’Union de se remettre au travail, de la doter de moyens nécessaires et suffisants pour peser dans les négociations internationales faces à l ‘Amérique ou aux dragons de l’Asie.
Le président français, européen convaincu, apporte ainsi la double démonstration de son non-alignement atlantiste d’une part, et de son pragmatisme d’autre part.
Le non-alignement est un point essentiel de la politique extérieure de la France qui, malgré ses importants liens d’amitié qui la lient, naturellement et historiquement, avec les Etats-Unis d’Amérique et le Canada, ne peut ni ne doit l’empêcher de suivre la ligne qu’elle aura choisie en fonction de sa stratégie, de ses choix politiques, de son indépendance si précieuse et universellement reconnue.
Le pragmatisme ensuite, car contrairement à ce que l’on peur lire ou entendre ici ou là, il n’existe pas de « plan B » ; les 20 pays de l’Union qui auront adopté le Traité ne referont ni un référendum ni ne reverront leur copie devant leur propre Parlement au motif que Français et Hollandais ont rejeté le premier jet de ce texte. Inversement, il n’est pas envisageable, en France, de soumettre à nouveau le même texte – déjà rejeté par la voie la plus démocratique qui soit – au vote des électrices et des électeurs sauf à les prendre pour ce qu’elles et ils ne sont pas !
La solution naturelle : « un petit texte » pour de « grands projets »
Chacun, au terme du référendum de 2005, aura compris que les Français n’étaient pas hostiles à la construction européenne ni à ce que des règles institutionnelles viennent en préciser le fonctionnement. Non ! Personne ou presque ne veut la mort de l’Europe car c’est avec l’Europe que l’on se prémunit notamment des risques belliqueux qui ont tant ensanglanté notre continent dans notre Histoire. En revanche, c’est parce que nos compatriotes, nos responsables politiques, nos partis dans leur diversité ont clairement indiqué qu’ils ne voulaient pas de cette Europe-là qu’il nous fallait réagir et, faute d’avoir reçu des propositions de nos partenaires naturels ou historiques, reprendre l’initiative.
Les nantis de Bruxelles ne sont plus en odeur de sainteté et le fonctionnement communautaire, tel qu’il existe, loin d’être adoubé. L’avantage essentiel et déterminant de ce texte « simpliste » proposé par la France est qu’il redonne aux élus des nations la place qui leur revient, aux peuples qui la composent, la grandeur et l’indépendance qu’il est impérieusement nécessaire de ne jamais oublier, aux fonctionnaires qui œuvrent en commun dans commissions et groupes de travail les moyens de poursuivre pour la plus grande part les travaux entamés mais avec un devoir de respect de la hiérarchie et de la démocratie qu’ils étaient tentés d’oublier.
Bref, avec ce texte qui semble recueillir les avis favorables de nos partenaires les plus importants, l’Europe, à nouveau unie, se remettra en mouvement. Grâce à la France. Avec les Français. Parce que notre pays est une pierre indispensable et incontournable de cet édifice si difficile à ériger.